Panneaux solaires en Wallonie : toujours rentables en 2024 ?

En Wallonie, l'investissement dans des panneaux solaires photovoltaïques a longtemps été encouragé grâce à un système de compensation utilisant le compteur classique qui "tourne à l'envers". Cependant, à partir du 1ᵉʳ janvier, une nouvelle législation entre en vigueur, apportant des changements significatifs pour ceux qui désirent investir dans une installation photovoltaïque.

1. Changement de régime en 2024 : compteur double flux et autoconsommation

Le 1er janvier 2024, la Wallonie met en œuvre une directive européenne qui interdit d’accorder le droit à toute forme de compensation avec le compteur "tournant à l'envers", partout en Europe, au-delà du 31 décembre 2023. À la place, chaque producteur d'électricité photovoltaïque devra faire remplacer son compteur pour un compteur double flux, qui comptabilisera séparément l'injection et le prélèvement d'électricité.

La production électrique des nouvelles installations sera donc en partie consommée directement chez le client (on parle alors d'autoconsommation instantanée), le surplus étant injecté sur le réseau et mesuré séparément. La bonne nouvelle c'est que ce qui est injecté sur le réseau peut être vendu à son fournisseur, au prix des tarifs d'injection publiés par celui-ci. Un prosumer recevra donc une facture en deux parties. 

La Wallonie suit donc la Flandre et Bruxelles, qui ont mis en place la directive il y a quelques années déjà. Exception : les installations mises en service avant le 31 décembre 2023 pourront encore bénéficier du compteur "tournant à l'envers" moyennent le paiement de la redevance prosumer forfaitaire jusqu'à la fin de l'année 2030.

2. Différence entre 2023 et 2024 : rentabilité moindre mais toujours intéressante

Le passage au compteur double flux a des implications sur la rentabilité des investissements dans les panneaux solaires. Le temps de retour sur investissement sera légèrement prolongé, s'établissant généralement entre 5 et 8 ans pour des installations de qualité (contre 3 à 6 ans auparavant).

Vu que la durée de vise d'une installation est d'environ 25 ans, cela reste attractif malgré le changement de législation. L'évolution des coûts de l'énergie continueront à jouer en faveur de cette option. La preuve : la Flandre est la leadeuse en termes de production photovoltaïque résidentielle, alors que les compteurs double flux y sont obligatoires depuis 2021.

3. Nécessité des compteurs double flux et leurs aspects positifs

La suppression du compteur inversé a plusieurs objectifs : stimuler l'autoconsommation pour soulager le réseau électrique saturé en période ensoleillée et ainsi limiter le décrochage des onduleurs, suivre plus finement la répartition de la consommation sur l'ensemble du réseau pour pouvoir le gérer efficacement, inciter à une sobriété énergétique en n'encourageant pas l'effet rebond possible grâce au système de compensation ("je produis trop donc je vais consommer plus"), mieux facturer les frais d'utilisation du réseau entre les prosumers et les consommateurs qui n'ont pas de panneaux, etc.

Les compteurs double flux sont considérés comme essentiels :

• Pour mesurer la production d'électricité à partir de sources renouvelables
• Pour faciliter la gestion de la consommation
• Pour assurer une meilleure visibilité sur la façon dont l'électricité est consommée et produite
• Et pour contribuer à la durabilité et à l'efficacité du système énergétique global

La Wallonie s'adapte à un paysage énergétique en mutation en ajustant sa législation autour des panneaux solaires photovoltaïques. Alors que le compteur inversé disparaît, les perspectives d'investissement restent favorables, avec un accent croissant sur l'autoconsommation.

Un aspect souvent négligé concerne la justice sociale

Dans un système de compensation, sans compteurs double flux ni redevance prosumer comme avant 2020, les citoyens ne possédant pas de panneaux solaires étaient contraints de contribuer de manière disproportionnée à l'amélioration du réseau électrique wallon, alors que les propriétaires de panneaux solaires n'y contribuaient pas du tout (0 kWh de consommation = 0 € de frais de réseau). Cela ne tenait pas compte de l'utilisation réelle du réseau effectuée dans les deux sens par ces derniers. Afin de garantir une équité économique, une redevance prosumer proportionnelle à la puissance de l'installation a été instaurée depuis 2020, mais celle-ci ne tenait pas compte du taux d'autoconsommation réel.

L'implémentation des compteurs double flux en Belgique n'a pas été exempte d'embûche, suscitant également des inquiétudes quant à la protection de la vie privée, à la sécurité des données, et à d'autres aspects liés à la technologie des compteurs intelligents. Cependant, malgré ces préoccupations, ces compteurs continuent d'être déployés dans le cadre des initiatives visant à rendre le système énergétique belge plus intelligent, durable et surtout plus équitable pour tous les utilisateurs du réseau. Ceci inclut ceux qui contribuent aux améliorations globales du réseau électrique, même s'ils ne possèdent pas de panneaux solaires.

4. Comment rentabiliser plus rapidement son installation avec un compteur double flux ?

Malgré la rentabilité légèrement réduite, il existe des moyens d'optimiser le retour sur investissement. Une transition vers l'autoconsommation et l'utilisation de batteries pour stocker l'énergie produite sont recommandées (voir des stations de batterie régionales pour toute une ville). Ces ajustements permettront de maximiser l'utilisation de l'énergie renouvelables produite et de contribuer à la stabilité du réseau. Des stratégies intelligentes d'autoconsommation et de gestion de l'énergie peuvent contribuer à réduire le temps de retour sur investissement, rendant l'installation de panneaux solaires plus attractive sur le plan financier.

Parmi les solutions d'autoconsommation :

• Diminuer sa consommation : l'énergie la moins chère est celle qu'on ne consomme pas.
• Remplacer ses appareils énergivores : ampoules LEDs (10 x moins de consommation!), électroménagers A+++, etc.
• Changer ses habitudes de consommations : consommer pendant les heures de production
• Chauffer de l'eau avec un boiler thermodynamique, pour stocker l'électricité sous forme de chaleur et consommer moins de gaz ou de mazout
• Partager l'énergie au sein d'une communauté d'énergie
• Charge bidirectionnel de voiture intelligent (pas encore d'actualité en Belgique)
• Stocker l'énergie excédentaire dans une batterie

La Wallonie doit s'adapter à un paysage énergétique en mutation en ajustant sa législation autour des panneaux solaires photovoltaïques.

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